Noha Al Madaawy
France, Égypte | 2013 | 15 min
Langue : arabe
Sous-titres : anglais, français

Noha Al Madaawy a suivi les Ateliers Varan organisés au Caire en 2012. De cette pratique, elle a tiré un film impossible à résumer. On y croise une mariée en blanc, un père manucuré, une chorégraphie de mobylettes sur le Sacre du printemps, quelques séquences du cinéma égyptien old school, des Frères musulmans. Par la grâce du montage se tisse une évocation intime et prenante de la condition féminine.

Pendant la nuit constitue un geste rare. Dès l'ouverture, quelque chose de très intime nous est révélé. Une séance de manucure, mise en scène d'un dialogue père/fille, le premier sommant la seconde de renoncer aux rêves pour la « réalité », celle des hommes bien-sûr. De cette confrontation originelle, Noha Al Madaawy tisse un film subtil, surréel et prenant qui transfigure le thème de la libération apportée par la « révolution » pour affirmer simplement que celle-ci se poursuivra tant que la part féminine du corps social restera à l'écart de sa dynamique libératrice. La mariée qui marche le long d'une artère encombrée de circulation a rendez-vous avec son destin. Sa tête est peuplée de fragments du théâtre d'ombres du passé – des extraits du cinéma égyptien old school, pendant que la bacchanale des scooters annonce le mouvement qui emporte toute une société vers...vers quoi ? L'énergie de Stravinsky se fracasse contre le silence des intégristes qui ont envahi Tahrir et sont canardés par un pistolet à eau : attentat dérisoire, grinçant et « honteux » qui sape le patriarcat sur ses fondements mêmes.