Ponte 5

Amy Wong
Suisse | 2012 | 9 min
Première mondiale
Langue : italien
Sous-titres : anglais, français

Le quartier malfamé de San Laurentino 38, dans l'une des banlieues romaines construites au-delà du périphérique, présente une singularité architecturale : les ponts reliant les barres HLM, métaphore de ce qui devait lier une nouvelle génération d'Italiens nés après 1945. Mais ces liens d'acier pèsent sur les habitants. Pour un vieil homme, ils sont le plus grand obstacle auquel il doit faire face.

Dans la semi-obscurité de son taudis, un vieillard écoute une publicité vantant un équipement pour personnes à mobilité réduite. Forcément inaccessible pour ce résident du quartier malfamé de San Laurentino 38. C'est dans cette banlieue romaine qu'Amy Wong a planté sa caméra dans le cadre d'un atelier initié par la HEAD en collaboration avec le cinéaste Gianfranco Rosi (El Sicario, VdR 2011). Ce quartier présente une singularité architecturale : les ponts reliant les barres HLM, métaphore de ce qui devait lier une nouvelle génération d'Italiens nés après 1945. Au milieu du bruit incessant de la circulation automobile, le vieillard de Ponte 5 sort faire quelques pas en s'appuyant sur son fauteuil roulant. Sous le regard de la cinéaste, il rejoue un rituel que l'on devine quotidien : arpenter lentement le « pont » de long en large, observer le décor sans perspective fait d'immeubles et de passerelles d'acier. Puis aller jusqu'à l'escalier qui pourrait le relier au monde extérieur. Mais pour le vieil homme, il est un obstacle infranchissable, une figure du renoncement. Sans un mot, en une dizaine de plans, Wong filme un destin très ordinaire et poignant.

Emmanuel Chicon