Without

Après avoir perdu son chien, Aleksandar, artiste excentrique de Belgrade, se lance à sa recherche. Tout au long de sa quête, nous ferons la connaissance de plusieurs étranges personnages. L'approche humoristique du cinéaste ouvre un dialogue sur différentes questions philosophiques liées à l'art, la représentation, l'identité, la nature, L'histoire, l'éthique et la politique. Aleksandar a une façon particulière, quelque peu absente, d'évoluer dans le monde, sans préoccupation majeure autre que la recherche de son chien, tout en étant accompagné par une série d'ami·e·s qui lui ressemblent. Son excentricité est dépeinte par l'absence; pas tant celle du chien perdu, mais plutôt celle d'une famille, d'un emploi stable, de règles sociales politiquement correctes. Dans cet univers, le protagoniste comprend que le plastique peut être aussi bon ou mauvais pour l’environnement que la nature elle-même, il peut jeter une canette de bière sur le trottoir sans la moindre culpabilité ou même imaginer participer à une chasse au cerf si son petit chien revient. Le paysage des zones urbaines marginalisées est intégré à ce type de discours, en quelque sorte déplacé, éloigné de la pensée moralisatrice des classes moyennes « éclairées ». Papić sait exactement comment accompagner son personnage, grâce à de bonnes idées visuelles et sans jugement, sans pour autant le forcer. Finalement nous faisons confiance à Aleksandar, un artiste qui nous fait remettre en question certains paradigmes que nous aurions sinon pris pour acquis.

Violeta Bava