Kevin Jerome Everson
États-Unis | 2009 | 3 min
Langue : anglais

L’attention qu’accorde depuis toujours Everson à la classe ouvrière de Mansfield trouve sa manifestation la plus puissante dans le triptyque Neighborhood Trilogy, qui se compose du moyen métrage Company Line et de deux films courts, Watchworks et The Camps. Les trois films, évoluant à travers l’histoire et le temps, saisissent les transformations de la classe ouvrière afro-américaine locale.

L’attention qu’accorde depuis toujours Everson à la classe ouvrière de Mansfield atteint son paroxysme dans le triptyque Neighborhood Trilogy, composé du moyen métrage Company Line et de deux films courts, Watchworks et The Camps. Company Line se focalise sur le premier quartier noir de Mansfield. Son titre vient du nom donné à ce quartier situé dans le nord de la ville, à côté de l’aciérie qui employait autrefois presque toute la population. Le quartier, dont la plupart des habitants sont arrivés après la fin de la guerre, est passé sous le contrôle d’une grande société, et sa population, qui travaillait en majorité pour des fabriques de montres et de savons (comme on le voit dans les deux courts métrages), s’est alors retrouvée éparpillée dans l’ensemble de Mansfield. Le leitmotiv de cette trilogie est une chanson emblématique d’un groupe de R'n'B afro-américain qui hante les trois œuvres avec une mélodie triste et magnifique parlant de désir et de nostalgie. Fifeville, réalisé en collaboration avec Corey D. B. Walker, se penche sur la ville de Charlottesville, en Virginie, en pleine gentrification. Emergency Needs évoque les émeutes raciales qui ont éclaté à Cleveland en juillet 1968, en réaction à une fusillade opposant la police à des militants noirs. Dans le film, une actrice, dont la voix n’est pas parfaitement synchronisée avec l’image, rejoue un discours du maire Carl Stokes. Le dialogue entre passé et présent se transforme alors en cette question: comme façonner l’avenir? Le passé devient un miroir qui retient des fils d’histoire, dont les tentacules s’agitent, nous demandant de comprendre. Cette œuvre mêle‘found footage’ et recréation fictionnelle; elle a également recours au ‘split screen’, clin d’œil manifeste à la fracture qui scinde encore nos sociétés. La voix et le discours, ainsi que les gestes qui les incarnent, deviennent le symbole d’un travail qui reste à accomplir. Et à filmer.
Giona A. Nazzaro

Traduction BMP Translations

Atelier Kevin Jerome Everson

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