Visions du Réel célébrera la très grande cinéaste et scénariste argentine Lucrecia Martel en lui décernant un Prix d’honneur lors de la 54e édition (21 – 30 avril). Figure majeure du cinéma contemporain et nom incontournable du Nouveau cinéma argentin, Lucrecia Martel donnera une masterclass lors de l’événement qui parcourra son œuvre et sa relation au réel. Une rétrospective de ses films sera également proposée durant l’édition. Comme le veut la tradition, cet hommage est conçu avec la collaboration précieuse de la Cinémathèque suisse et de l’ECAL – École Cantonale d’Art de Lausanne.
- Lundi 24 avril – 20:30 Cérémonie Invitée d’honneur – La ciénaga, au Théâtre de Marens
- Mardi 25 avril – 14:00 Masterclass Lucrecia Martel à l’Usine à Gaz
Un essai original sur l’œuvre de Lucrecia Martel, écrit par Dennis Lim pour Visions du Réel, est publié dans le Journal des invité·e·s.
Révélée à l’international dès son premier long métrage La ciénaga (2001), tourné dans sa région natale, Lucrecia Martel incarne depuis le renouveau cinématographique argentin tant sur la scène nationale qu’internationale. Composée de 4 longs métrages et de 25 titres au total (parmi lesquels différents types de projets), la filmographie de la réalisatrice n’a cessé de marquer son pays dans un contexte post-dictatorial, ainsi que les festivals les plus prestigieux. À travers une grammaire cinématographique hautement sensorielle, les films de Lucrecia Martel auscultent la crise existentielle de la classe moyenne argentine, les rouages de la société et la mécanique sociale étouffante du pays, les enjeux post-coloniaux, et évoque sans relâche, en creux, l’histoire de son pays et les fantômes qui l’habitent. Son attention au(x) détail(s) – le son, le bruit et les dialogues notamment – et l’approche kaléidoscopique de son travail s’inscrivent dans une double tradition à la fois orale et aventureuse cinématographiquement parlant, pétrie d’une joyeuse cinéphilie. S’ancrant dans des territoires et des situations très familières de la cinéaste, l’œuvre de Lucrecia Martel emprunte à une multitude de genres et propose une hybridation riche et fascinante entre fiction et réel. Après Terminal Norte en 2021, elle travaille actuellement sur un nouveau long métrage documentaire attendu pour 2023.
Visions du Réel est particulièrement fier et honoré d’accueillir une figure aussi essentielle, rare et extraordinaire du cinéma contemporain au Festival, une cinéaste qui parvient dans chacun de ses films à rendre compte et créer des univers avec audace, à composer une œuvre aventureuse, troublante et singulière qui ne cesse de défier le cinéma mondial.
Figure du Nouveau cinéma argentin, Lucrecia Martel naît à Salta dans le Nord-Ouest de l’Argentine. Passée par la Avellaneda Experimental (AVEX) et l’École Nationale d’expérimentation et de réalisation cinématographique (ENERC) de Buenos Aires, elle réalise une série de courts métrages documentaires et de fiction entre 1988 et 1994 dont le premier, d’ores et déjà très prometteur, Rey Muerto, un segment composant le long métrage Historias breves (1995). En 2001, son premier long métrage, La ciénaga, récit estival d’une famille qui s’enlise dans ses problèmes, reçoit de nombreux prix internationaux – dont un Ours d’Argent (ex Prix Alfred Bauer) à la Berlinale. Suit La niña santa (2004), qui relate l’indécision entre désir et foi d’une adolescente et est sélectionné en compétition au Festival de Cannes, de même qu’en 2008 le troublant La mujer sin cabeza, sur le désarroi d’une femme étouffée par le secret et le poids de la société. Son quatrième long métrage, Zama (2017), une exploration du colonialisme et du racisme en Amérique latine, a été présenté en première mondiale à la Mostra de Venise. En 2019, elle est également invitée en qualité de Présidente du Jury à la prestigieuse Mostra de Venise.
Après quelques courts et moyens métrages documentaires, Lucrecia Martel fait en 2021 une nouvelle incursion puissante dans le cinéma du réel avec Terminal Norte tourné durant la pandémie. Le film suit un groupe de femmes musiciennes trouvant refuge lors du confinement dans les forêts et paysages vibrants du Salta, région très conservatrice du pays d’où est également originaire la réalisatrice. La cinéaste livre un projet intimiste, sensoriel et engagé en immersion qui illustre avec force la symbiose entre ces artistes, leurs chants et récits, avec la nature luxuriante environnante. Ce projet préfigure son prochain long métrage, également documentaire, qui est prévu pour 2023.
Parallèlement à son œuvre cinématographique, Lucrecia Martel s’est intéressée à d’autres disciplines et langages artistiques. Elle a notamment collaboré avec Björk, pour qui elle a dirigé le concert Cornucopia (2019) dans la salle The Shed (New York), reconnu comme le spectacle le plus sophistiqué de l’artiste islandaise à ce jour, et a produit durant le confinement The Passage (2021), une œuvre immersive présentée au EYE Filmmuseum (Amsterdam). Son travail a été projeté dans les institutions artistiques et culturelles les plus prestigieuses à l’instar de Harvard, MoMA, Lincoln Center, Cambridge et Tate London. Elle a également proposé une série de masterclass sur le son et la narration.
- Camarera de piso, 2022
- Terminal norte (North Terminal), 2021
- Al, 2019
- Julieta Laso: Fantasmas, 2018
- Zama, 2017
- El aula vacía, (short: Leguas), 2015
- Muta, 2011
- Pescados, 2010
- Nueva argirópolis (New Argirópolis), 2010
- 25 miradas, 200 minutos, 2010
- La mujer sin cabeza (The Headless Woman), 2008
- La ciudad que huye, 2006
- La niña santa (The Holy Girl), 2004
- La ciénaga, 2001
- Las dependencias, 1999
- Historias breves, (short: Rey muerte (Dead King)), 1995
- D.N.I., 1995
- Magazine for Fai, 1995
- Besos rojos, 1991
- La otra, 1989
- Piso 24, 1989
- No te la llevarás maldito, 1989
- El 56, 1988