Mystic Mass

Chaque année, Nabatiyyeh au Liban est le théâtre de la Ashoura, commémoration de la mort de l'Imam Hussein survenue au VIIe siècle. A travers une immersion quasi chirurgicale dans les endurantes processions et (impressionnantes) automutilations qui servent aux milliers de chiites de reconstitution du martyre dix jours durant, c'est bien un regard ethnographique rare  - et un peu effrayant - que propose le film. « Imaginez une peinture de Brueghel, où la vie quotidienne, prosaïque, banale, s’entremêle avec d’intenses évènements mystiques dans des tableaux pouvant embrasser 250 personnages d’un coup. Même si cet événement a peu d’équivalent dans l’histoire, il serait pertinent de comparer la Ashoura telle qu’elle a lieu à Nabatiyyeh aux flagellants du Moyen-Age, qui circulaient de village en village durant le carême de Pâques – comme on peut les voir représentés dans le Septième Sceau de Bergman » (KBH). Tandis que la masse, devenue figure unique, est menée à la transe par des mécanismes répétitifs et extrêmes, Karim B Haroun l'insère dans un montage de champ-contre-champs n'ayant de cesse d'élargir le « cadre ».

Emilie Bujès