Ilha da Flores

Jorge Furtado
Brésil | 1989 | 12 min
Langue : portugais

Le synopsis pourrait tenir en une ligne : «vie et mort d’une tomate, de la plantation à la décharge…». Sauf que très vite l’odyssée de ladite tomate s’encombre d’une logorrhée délirante : à la fois modèle d’explication scientifique et d’information télévisuelle. Sous ce double effet de transparence, matrice de tous les pouvoirs, s’installe un doute : et si le commentaire n’était ici qu’un « comment taire » (Agnès Varda) ?

Le synopsis de llha da Flores pourrait tenir en une ligne : « vie et mort d’une tomate, de la plantation à la décharge… ». Sauf que très vite l’odyssée de ladite tomate, passant par les mains du paysan qui la récolte, de la vendeuse qui la pèse, de la ménagère qui la met sur la table de famille puis la jette à la poubelle, s’encombre d’une logorrhée délirante : à la fois modèle d’explication scientifique et d’information télévisuelle. Sous ce double effet de transparence, matrice de tous les pouvoirs, s’installe un doute : et si le commentaire n’était ici qu’un « comment taire » (Agnès Varda) ? Taire quoi ? L’image de la pauvreté. Les laissés-pour-compte des favelas qui envahissent l’écran à la fin du film sont inoubliables parce que le film nous a rendus complices du langage des maîtres prétendant tout expliquer, sauf ce qui sort de sa rationalité marchande. Plus bas que les porcs, les pauvres ont la liberté. Or, comme le dit la fin du commentaire, «la liberté, personne ne peut l’expliquer, mais tout le monde peut la comprendre.» Dont acte.

Laurent Roth