Aya Tanaka
Belgique, Japon | 2012 | 50 min
Première mondiale
Langue : japonais
Sous-titre : anglais
Une soeur filme son grand frère, dans le double sens du terme, devenu agoraphobe. Une fille filme son père qui s'est rabougri en même temps que ses idéaux. Sœur et fille, Aya Tanaka, Japonaise expatriée en Belgique et membre de la ‘Lost Gene’, filme sa famille nippone, l'épuisement des corps enfoncés dans l'obscurité, pour conjurer leur disparition et l'adieu au monde de l'enfance.
Aya Tanaka – émigrée en Belgique, avait filmé son père Yasuo en 2004 dans Harimano, du nom de son village natal qu'il avait été contraint de quitter en raison de ses idées communistes. Eau douce Eau salée actualise son regard sur le déracinement, qui est devenu social, à travers la figure de son grand frère souffrant d'agoraphobie, déclenchée suite à une succession d'emplois mal rémunérés. Il végète, cloîtré chez ses parents dans une minuscule chambre que son corps seul, semble emplir. Les voix sont granuleuses, le dialogue hésitant, l'approche délicate, comme si Tanaka cherchait à saisir dans le close-up du grand frère qui déborde littéralement du cadre, un contrechamp au corps sec de son père, auquel elle s'adresse en plan moyen : un père vaincu par ce fils « monstrueux » qui incarne l'échec de ses combats passés. Comme son frère, Aya Tanaka appartient à la "lost generation", une génération perdue, que Yasuo n'a pas pu sauver. Elle filme donc l'épuisement des corps, enfoncés dans une semi-pénombre, à peine éclairés par des images saturées de couleurs de l'enfance, et tente par ce beau geste de cinéma de conjurer l'agonie d'une classe sociale broyée.
Emmanuel Chicon
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