Rojek

Une caméra, placée à bord d’un drone, survole un territoire. Les images aériennes montrent un paysage aride, parsemé de maisons très modestes, d’animaux et de quelques figures humaines. À peine a-t-on le temps de se demander où l’on se trouve qu’un texte se superpose à l’écran s’adressant directement au.à la spectateur.rice : nous sommes au Kurdistan syrien, libéré de l’occupation de l’État islamique et dont les membres djihadistes se trouvent actuellement en prison. Celle qui parle et a eu l’autorisation de les interroger – à propos de leurs idées, leur passé et l’avenir – est la cinéaste kurde Zaynê Akyol, qui en 2016 avait fortement impressionné le public de Visions du Réel avec Gulîstan, Land of Roses. Elle a envers eux un comportement dialectique, typique de ceux·celles qui veulent comprendre avant de condamner. Leurs histoires prennent ainsi forme, cadrées par une mise en scène qui alterne la parole et les visages aux vues aériennes du paysage. Un regard inattendu sur une problématique politique contemporaine de grande portée et un film dont le sujet et la respiration produisent un objet cinématographique impressionnant.

Luciano Barisone