Dieu et les chiens
Abounaddara Collective
Syrie | 2014 | 12 min
Langue : arabe
Sous-titres : anglais, français
Depuis le début des manifestations contre le régime de Bachar el-Assad, le collectif Abounaddara poste chaque semaine sur Internet des courts-métrages qui rendent compte de la Syrie d’aujourd’hui. Dans ce témoignage, un jeune « révolutionnaire » raconte comment il a dû tuer un homme qu’il savait innocent. Un récit cru sur la banalité du mal qui vient déranger notre bonne conscience.
Le collectif Abounaddara regroupe des cinéastes autodidactes qui, depuis le début des manifestations contre le régime de Bachar El Assad au printemps 2011, publient depuis Damas chaque semaine sur Internet des courts métrages pour raconter la Syrie d’aujourd’hui. Anonymes, à égalité avec les hommes et les femmes ordinaires qu'ils filment, les membres d'Abounaddara pratiquent une sorte de « cinéma d'urgence », avec pour pairs assumés, Dziga Vertov et leurs aînés syriens, dont Omar Amiralay, décédé à la veille de la « révolution ». Dieu et les chiens est donc un témoignage. Sec, précis, cru. De ceux qui vous brûlent la rétine parce qu'ils sondent au plus profond de nous-mêmes la banalité du mal. Cet homme en fuite, hanté, raconte en plan fixe et serré un interrogatoire : celui d'un innocent qu'il a dû achever d'un coup de revolver, ne supportant plus de le voir « humilié » par ses compagnons d'armes qui le soumettaient à une torture acharnée. Histoire exemplaire ? Sans doute. Mais sous son apparente universalité, ce témoignage révèle les ressorts d'une guerre sans merci qui se déroule loin de notre bonne conscience, tenue à bonne distance par les « loyalistes » et leurs complices objectifs qui peuplent les chancelleries occidentales.
Emmanuel Chicon