Allo la France

1941. C’est le nombre de photos de cabine téléphonique collectionnées par Floriane Devigne au cours des huit ans de travail autour de ce film. Moins il y en a, plus elle les cherche… Son film, elle le construit comme une collection : elle récolte, trie, partage les rencontres et histoires les plus mémorables. Avec amusement, elle nous embarque dans ce road-movie drôle, politique et inspiré à travers la France des zones blanches, suivant son obsession. Elle collecte des photos, mais aussi des conversations téléphoniques qu’elle reçoit dans les dernières cabines restées debout dans des coins reculés (parce que la 4G ne passe pas). Allo la France s’ouvre avec la dernière cabine téléphonique de Paris, à laquelle la réalisatrice accède en bateau, abandonnée sur un quai - sans doute parce qu'il est plus compliqué de l’enlever que de la laisser là. Cette cabine s’impose comme le symbole de ce qu’il reste du service public. Selon une logique purement comptable, dans nos sociétés en pleine mutation, les services restés en place sont-ils ceux dont le coût de la disparition est supérieur à leur simple abandon ?

Madeline Robert