After Work

En 1958, la philosophe Hannah Arendt écrivait la phrase suivante dans son livre Condition de l’homme moderne : « Ce que nous avons devant nous, c'est la perspective d'une société de travailleurs sans travail, c'est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire. » After Work - une actualisation hautement nécessaire et contemporaine de l’avertissement d’Arendt, au sujet du monde du travail actuel, son avenir éventuel, et sa possible disparition - arrive à point nommé. Comment donner un sens à sa vie si l'on se voit privé·e de ce qui a longtemps été son contenu principal, à savoir le travail ? Se concentrant sur des économies relativement aisées telles que l'Italie, les États-Unis, la Corée du Sud et le Koweït, le film fonctionne comme un avant-goût d'un casse-tête qui pourrait bientôt devenir de plus en plus répandu, avec l’émergence de l'intelligence artificielle et de l'automatisation. Interviewant un large éventail de personnages (notamment une chauffeuse-livreuse d'Amazon ; une philosophe spécialiste des origines et de l'histoire de l'éthique du travail ; et une héritière), After Work se présente comme une expérience de pensée : peut-on séparer le travail de l'emploi, voire de la productivité, pour l’envisager comme une activité en soi, et qui n’engagerait que les personnes qui la pratiquent ?

Dimitri de Preux