Herbaria

Dans son deuxième long métrage, Listorti établit un parallèle entre deux univers qu'il semble bien connaître: plantes et cinéma. Cet œuvre délicate, riche de somptueuses images cinématographiques – tant d'archives qu'actuelles – rend compte d’un immense travail de classification et de conservation, et nous invite généreusement à réfléchir sur les formes de représentation et de mémoire. Les deux univers – qui, en Argentine, sont liés au patronyme Hicken (le premier, Cristobal Hicken, a fondé le Darwinion Institute of Botany; son neveu, Pablo, a créé le Musée du cinéma) – se rencontrent sur la base de pratiques communes: identification des matériaux, conservation, restauration, accès. Listorti décrit avec soin les activités du travail de conservation, lentes, minutieuses et précieuses, comme celles d'un miniaturiste médiéval, et qui semblent à contre-courant du temps présent, telles une forme silencieuse et stoïque de résistance à l’immédiateté mondialisée. Dès sa conception, la sélection rigoureuse des étonnants documents d'archives et le choix de la pellicule couleur 16mm révèlent la cohérence et l'honnêteté d'une proposition qui s'intègre aisément à l'univers qu'elle décrit. Herbaria constitue ainsi un plaisir visuel et sonore, film d'une étrange beauté semblant hors du temps, mais qui appartient pleinement à celui du cinéma.

Violeta Bava