Pierre-Yves Vandeweerd
Belgique | 2004 | 55 min
Langues : français, soundanais
Sous-titres : français, anglais
Sud-Soudan, 1997. La vie de tous les jours d’un village, dans un pays en guerre depuis 30 ans. Le cinéaste, parti pour témoigner d’une situation oubliée, revient avec un matériel qui ne peut exprimer ses intentions. Il restera inutilisé. C’est sept ans plus tard, en apprenant le massacre de la plupart des personnes filmées, qu’un film tiré de ces images en noir et blanc devient nécessaire.
Le troisième film de Pierre-Yves Vandeweerd est en réalité son premier. Des années plus tôt, le cinéaste partait au Sud-Soudan pour témoigner d’une situation oubliée, celle d’un pays en guerre depuis 30 ans. Toutefois, le matériel rapporté n’arrivait pas à exprimer ses intentions, et resta inutilisé. C’est sept ans plus tard, en apprenant le massacre de la plupart des personnes qu’il avait filmées, qu’un film tiré de ces images en noir et blanc devenait nécessaire. Le temps, maître absolu de la puissance des choses, leur avait donné une urgence implacable. Corps de fantômes égarés qui errent dans un espace sans racines, ces hommes, femmes et enfants sont déjà morts, sans le savoir. La guerre civile a tué les liens, la culture, le respect de l’autre. Et pourtant ils parlent : ils préviennent le cinéaste de faire attention, parce que les mines sont partout ; ils marchent priant Dieu ; ils discutent de la violence comme moteur social ; ils voudraient étudier, apprendre… Le film les fait revivre alors qu’ils ne sont plus là. La voix off du cinéaste est un aveu de deuil. Une fois de plus, le loin et le près se côtoient : loin dans le temps, près du cœur.
Luciano Barisone