Still Film

À partir d’un carrousel de 140 images en 35mm méticuleusement collectionnées dans des dossiers de presse de films hollywoodiens et librement associées, le cinéaste new-yorkais James N. Kienitz Wilkins parcourt quarante ans de cinéma – une période correspondant à son âge – tandis qu’une déposition légale fictive sert de commentaire. Deux avocats et un témoin envisagent et questionnent des souvenirs du dernier, réels ou fantasmés, des acteur·rice·s ou scènes associés à des moments de vie, des expériences cinématographiques et autres théories conspirationnistes, mais aussi l’obsolescence technologique. Ces personnages multi-générationnels, parmi lesquels une personne préposée à l’enregistrement venant encore troubler davantage un dialogue alambiqué, sont incarnés en off par le cinéaste, dont la voix grave et le débit impressionnant et intense sont immédiatement reconnaissables – on se souviendra notamment de l’excellent Indefinite Pitch (2016) – produisant un effet à la fois obsessionnel et joyeux, souvent amusant, telle une transe méditative et cinéphile sur le cinéma contemporain et les puissances du faux.

Emilie Bujès