My Worst Enemy

Mehran Tamadon a représenté dans ses précédents films les défenseurs du régime iranien - militants bassidjis, mollahs - cherchant ainsi à ouvrir un espace de dialogue par le biais du cinéma. Banni du pays et aujourd’hui exilé en France, il propose à Mohtabar, Hamzeh et Zar, réfugié·e·s iranien·ne·s ayant vécu la répression du régime, de lui faire subir un interrogatoire idéologique. Il souhaiterait retourner en Iran avec ce film, afin que les agents du régime puissent, dans un effet miroir, prendre conscience de leur violence. Mais dans ce jeu il s’agit d’invoquer, pour ceux et celles qui s’y prêtent, les fantômes  du passé et autres souvenirs d’une expérience violente et douloureuse, à la suite de laquelle ils·elles ont dû fuir leur pays. Si les premiers volontaires tâtonnent à entrer dans la peau de leur tortionnaire, le rôle de Zar lui échappe et elle plonge dans ce jeu dangereux, rouvrant dangereusement des meurtrissures. Le projet du film est alors mis en question : en invoquant les fantômes de la répression, comment Tamadon rouvre-t-il les portes de l’horreur pour les participant·e·s ? Autant de questions éthiques au travail dans ce film troublant et stupéfiant.

Aurélien Marsais