Driss Aroussi
France, Maroc | 2023 | 32 min
Première mondiale
Langue : arabe
Sous-titres : français, anglais
Juché sur une charrette bringuebalant au rythme lent de la mule qui la tracte avec peine, un homme s'avance à travers une étendue semi-désertique. Nous sommes dans la région d'Errachidia, non loin de l'oasis de Fezna-Jorf. Le chef du village a confié à Moustapha la mission d'inspecter les « khettaras » : Ceux-ci forment un très ancien système de tunnels de drainage souterrains qui captent l'eau des nappes aquifères lorsqu'il n'y a pas eu de pluie pendant des mois, tout en évitant l'évaporation thermique. Ils sont essentiels à l'irrigation des cultures. C'est le deuxième film que Driss Aroussi tourne dans ce coin du Maroc dont il est originaire. Son sens aigu du cadre rend parfaitement la condition sisyphienne du héros, qui sonde les galeries, aujourd'hui à sec, seulement outillé d'une échelle, d'une lampe à pétrole et d'une houe avec laquelle il gratte, en vain, le sol craquelé dans l'espoir de faire jaillir la précieuse ressource. Et la séquence finale de Borj el mechkouk, qui utilise la réfraction de la lumière pour produire une illusion d'optique, tragique et poétique, donne à ce court-métrage la puissance d'une fable cinématographique qui envisage notre disparition prochaine.
Emmanuel Chicon