Baby Queen

Opera Tang a vu le jour il y a deux ans. Cette drag queen, aux looks inspirés des traditions de l’opéra chinois, fait beaucoup parler d’elle à Singapour. Chroniquant ses performances étincelantes mais aussi son intimité, notamment sa relation avec sa grand-mère de 90 ans, le réalisateur LEI Yuan Bin dresse un portrait tendre de ce personnage iridescent. Le film se fait l’écho de la lutte pour l’abolition de la section 377A du code pénal, interdisant, sous peine d’emprisonnement, le sexe entre hommes. Bien qu’aujourd’hui actée, cette avancée a également été une opportunité pour le gouvernement de réaffirmer le cadre hautement restrictif de l’accès au mariage, réservé aux couples binaires. D’un récit et contexte spécifiques, Baby Queen dispense un discours universaliste généreux. Il dénonce avec lucidité l’homophobie institutionnelle et ordinaire, la violence du coming-out, la stigmatisation, tout en revendiquant avec force le droit de chacun·x·e à l’intimité, l’amour, et l’acceptation de soi. Saluant les avancées importantes mais inégales obtenues pour les droits des communautés LGBTQIA+ dans la Cité-État, le film témoigne aussi, en creux, de la capacité de la société à avancer parfois plus vite que les gouvernements. 

Bastien Bento