Antier noche

Dans le petit village de Salvaleón en Estrémadure, le chômage et l'absence d’opportunités professionnelles entraînent le départ de la population depuis les années 1960. Intimement lié à la région, dont son grand-père était originaire, Alberto Martín Menacho trouve son inspiration dans ce lieu qui lui prête tant un terreau visuel cinématographique, que des êtres et des personnages venant peupler ses films. ‘Antier noche’, qui pourrait se traduire littéralement par « avant-hier nuit », est une expression désuète aujourd’hui rarement usitée que le cinéaste tient de sa grand-mère. À l’aune de ce titre, le film s’inscrit dans un temps et un espace suspendus, entre tradition et modernité, entre homme et animal, entre un chêne millénaire et Tinder. Filmant un groupe de jeunes avec lequel il a déjà travaillé, Alberto Martín Menacho tisse le réel et la fiction, composant librement des histoires avec elles·eux, et cartographie un territoire fait de lièvres et de lévriers, de feux d’été, d’histoires d’amour et de fêtes, à l’ombre d’une cohésion qui reste très solide, même entre les générations. Un premier film éblouissant de grâce.

Emilie Bujès