Une famille

Christine Angot ne quitte pas l’écran, elle occupe chaque seconde de son premier film. La cheffe opératrice Caroline Champetier la capture de très près, pour saisir chaque bouffée de sa peur, de son courage. L’urgence est palpable et la violence est intrinsèque à cette enquête. Car en 2024, il faut encore forcer des portes, imposer sa présence et hausser la voix pour être entendue en tant que victime, même des années et, dans ce cas, plusieurs livres primés après les faits. Il y a certes ces archives inouïes de plateaux télévisés qui témoignent du chemin parcouru contre la misogynie et la banalisation de l’inceste, mais que se passe-t-il dans le cercle intime ? Comme le titre l’indique, c’est la famille que la réalisatrice a décidé de disséquer. Où étaient-ils·elles, cette belle-mère, cette mère, cet ancien compagnon, lorsque l’enfant, l’adolescente puis la jeune femme était violée ? Et comment évoquer cela avec sa propre fille ? Bien plus qu’un film, Une famille est un puissant geste politique, une démarche à la fois militante et thérapeutique.

Anne Delseth

Une famille, 2024