Les Miennes

Entre elles, les quatre sœurs de la famille de Samira El Mouzghibati appellent leur maman « ta mère », comme si elle n’avait jamais été la leur. Cette petite femme sombre, courbée, sans espoir - comme « un tajine trop salé » - ne ressemble guerre à ses filles gaies, volubiles et indépendantes. Élevée par ses sœurs, Samira conserve d’elles un matériel foisonnant et joyeux composé de messages vocaux sur des vieux répondeurs, d’images VHS d’anniversaires, déménagements et autres moments-clés. Elle a aussi des interviews presque volées dans l’intimité de la nuit avec sa première caméra. Qu’est-ce que la famille, demande-t-elle à ses aînées, et le mariage alors ? Des intuitions, des obsessions. Les mots inédits de sa mère, récoltés dans son village natal du Rif, complètent cette épopée. La cinéaste scrute son lien à ses racines, au Maroc, à l’immigration, et mène une enquête bouleversante et courageuse sur son héritage et la notion de liberté qui imprègne toutes les femmes de sa famille.

Anne Delseth