Babylon

Les premières images du film renvoient à une certaine idée de l’origine du monde : une végétation décharnée, secouée par un vent poussiéreux, une terre aride marquée par des crevasses et de furtives présences animales. Ce paysage est plus lointain dans le temps que dans l’espace. Mais après cette « tabula rasa », le cadre se rempli de vie, de gens, de bruits, de tentes, de convois. Débute alors la construction d’un nouveau monde : une ville éphémère peuplée de personnes venues de différents pays, parlant différentes langues. Une tour de Babel improvisée où l’on assiste à la mise sur pied d’une ville, à la fois purgatoire dantesque et contemporain et miroir de notre société. Sans donner aucune indication de lieu et sans vouloir faire recours aux sous-titres – qui paradoxalement rendraient le film plus opaque - les réalisateurs plongent le spectateur directement et frontalement dans le tourbillon de ce village, aux frontières d’un monde en train de se faire et de se défaire. Tout en proposant une expérience à la fois radicale et universelle, Babylon fait aussi le portrait de l’humanité.

Jasmin Basic