The Language of Fire

Peu après son film précédent, Chantier A (VdR 2013, co-réalisé par Lucie Dèche et Karim Loualiche), Tarek Sami reprend le chemin, mental et physique, du sud. Il est venu d’Algérie en France en 2002 à vingt ans, en quête d’amour et de liberté loin du village et des cellules familiales, mais il est pris de doute : « dans l’incapacité de faire demi-tour. À penser l’absent, les absences. À penser les cendres de la maison que je n’habite plus (…). C’est cela l’exil ». Il passera de longs mois avec des migrant·e·s dans la Jungle de Calais, improvisé traducteur et écrivain public, et filmera les êtres dans l’intimité de la tente et la chaleur du feu, pour ne pas « les figer comme cette absurde frontière les figeait ». Dans un montage parallèle, Tarek Sami rejoint son frère établi en Afrique du Sud et entreprend le voyage de retour à pied, d’Afrique du Sud vers l’Afrique du Nord, pour conjurer la fatalité de la polarité du monde et reconquérir l’Histoire. Cette fois encore le cinéaste livre un film habité d’une grâce infinie ; comme un poème aux damné·e·s de la terre s'efforçant de vivre leur vie.
Emilie Bujès

The Language of Fire, 2024
Chantier A, 2013
Les Serpents de la capuche, 2009