A Roundabout in My Head
Hassen Ferhani
Algérie, France | 2015 | 100 min
Langue : arabe
Sous-titres : français, anglais
Un vieux sage récite des poèmes. Un jeune homme se cogne contre les murs du réel, hésitant entre suicide et traversée. Un autre navigue entre réalisme et cynisme. Les couleurs éclatent et les cadres impressionnent. Nous sommes dans le plus grand abattoir d’Alger où les employés survivent entre rêve et réalité. Patiemment, Hassen Ferhani met en scène leur parole.
Nous sommes dans le plus grand abattoir d’Alger, avec Youcef et Houcine, la vingtaine, des grands rêves, mais aucun moyen, Amou, un quinquagénaire parfois cynique mais toujours pragmatique, et le vieil Ali qui débite des poèmes inspirés. Ce qui frappe au premier abord dans le long-métrage d’Hassen Fehrani, c’est la qualité des cadrages et des couleurs. Ces palettes très affirmées de jaune, bleu et rouge, bien sûr, comme le sang. Ensuite, le temps laissé à la parole, avec une rigueur qui n’a rien d'ascétique. Cette patience du regard permet des scènes exemplaires comme celle où s’entrecroisent, dans un même plan, le suivi d’un match de foot à la télé et la vache qu’on conduit péniblement à la mort. Mais le film ne s’appesantit pas sur l'abattage des animaux. C’est sur les rêves, les désirs et les frustrations de ces hommes enfermés dans un espace quasi carcéral. Tel ce jeune Youcef qui a dans sa tête comme un rond-point avec 99 chemins qu’il résume finalement à deux alternatives : le suicide ou la traversée. Et c’est toute la société algérienne qu’ausculte ainsi la caméra de Ferhani.
Bertrand Bacqué