Pour la cinquième année consécutive, deux soirées de projections en plein air dans le jardin de l’Istituto Svizzero auront lieu à Rome les 3 et 4 juillet prochains, avec quatre documentaires sélectionnés officiellement par Visions du Réel! Entrée gratuite, sur réservation.
Informations détaillées et réservations
Programme du 3 juillet:
21h30 – Anote’s Ark de Matthieu Rytz, 2018, 76 min
23h00 – Union de Brett Story & Stephen Maing
Programme du 4 juillet:
21h30 – Valentina e i MUOStri de Francesca Scalisi, 2024, 80 min – Prix spécial du jury dans la Compétition Nationale pour un long métrage remis par la SSA/Suissimage 2024
23:00 – As the Tide Comes In de Juan Palacios & Sofie Husum Johannesen, 2023, 89 min
Située en plein milieu de l’Océan Pacifique, la minuscule République insulaire des Kiribati est l’un des lieux les plus isolés de la planète mais devient aujourd’hui le symbole d’un défi qui s’imposera très bientôt au reste du monde : le changement climatique. Avalée par la mer, les îles qui composent le pays sont ravagées par les typhons et rongées peu à peu par l’inéluctable montée des eaux. Comment assurer la survie d’un peuple entier ? Tandis que des habitants ont déjà commencé à chercher refuge à l’étranger, à l’image de Tiemeri, qui décide de déplacer sa famille en Nouvelle-Zélande, le président des Kiribati, Anote Tong, part en croisade pour sauver, si ce n’est le pays, du moins la culture de celui-ci et assurer aux habitants des conditions dignes d’émigration. Matthieu Rytz a suivi ces deux protagonistes pendant plus d’une année, accompagnant Anote Tong aux quatre coins du monde, du Vatican à Tokyo, d’émission de télévision en conférence internationale, dans un combat qui déterminera l’avenir de sa nation. Un film poignant et nécessaire.
Céline Guénot
Des séquences verticales, furtives, vacillantes, tournées au smartphone. On y distingue pourtant l’étendue vertigineuse d’un centre de triage Amazon, éclairé au néon blanc. Ce type d’images est rare et précieux, l’entreprise réprimant autant que possible la documentation par ses employé·e·s de ses lieux et de ses conditions de travail. Assistés par ces représentations anonymes du travail par les personnes qui le font et le protestent, les cinéastes Brett Story et Stephen Maing documentent minutieusement l’organisation précaire et vaillante, en pleine pandémie du Covid, d’un mouvement syndical au sein du géant monopolistique, initié dans un centre de triage situé à Staten Island, l’un des cinq arrondissements de la ville de New York. Le cadrage est serré, le montage économe, communicant une certaine urgence à ce que l’on voit à l’écran : les réunions Zoom, les distributions de flyers détaillant les revendications de la Amazon Labor Union aux abords de la centrale de distribution, et le suspense avant le verdict du vote sur l’établissement d’un syndicat dans ses murs.
Dimitri De Preux
Niscemi, Sicile, son agriculture intensive, ses incendies et ses MUOS, ces impressionnantes antennes militaires qui défigurent le territoire. À presque 30 ans, Valentina habite toujours chez ses parents. Lorsque l’état de santé de son père se détériore, elle est contrainte de prendre sa vie en main. Un délicat récit émancipateur enraciné dans une terre aussi aimée que ravagée.
Nul n’est épargné par les changements climatiques – surtout les vingt-sept résident·e·s de la minuscule île de Mandø, à quelques kilomètres de la côte danoise en pleine mer des Wadden. Cette terre marécageuse, balayée par les vents, doit aujourd’hui faire face à la menace imminente de la montée des eaux. En dépit des dangers, Gregers, le dernier fermier de l’île, fait preuve d’une résilience à toute épreuve, refusant catégoriquement d’abandonner Mandø tel un capitaine sur son navire condamné. Le regard de Palacios n’est pas sans faire penser à celui des grands peintres romantiques, des stupéfiants paysages où la nature est unique maîtresse jusqu’à la puissante mélancolie qui traverse son récit, sans parler des symboles d’éphémérité que le cinéaste parsème comme d’inquiétants présages. Dans les interstices de cette tragédie à petite échelle pourtant, on décèle un ordinaire où l’humour et la poésie s’entremêlent, qu’il s’agisse du centenaire de la doyenne de l’île, l’arrivée redoutée des touristes ou le départ regretté des oiseaux.
James Berclaz-Lewis
Doc nights 2024







