Je n’embrasse pas les images

À 14 ans, Pascal Hamant est confronté à la vision la plus terrifiante de son existence : le corps sans vie de son père, allongé sur une table, en partie couvert d'un linceul blanc. Image aveuglante, surexposée, au sens photographique. Face à la mort qui se dresse devant lui, le sentiment que le monde entier se dérobe sous ses pieds.
Trente ans plus tard, le voici déambulant dans la maison vide qui a abrité cette enfance brutalement interrompue. Elle est peuplée de toutes les autres images qui ont comblé l'irrémédiable absence, ont fait écran. Sur la scène du film, le cinéaste effeuille l'album de famille, assemble les fragments de sa biographie, travaille ses obsessions pour les figures de Marilyn Monroe et d'Ayrton Senna. Le récit, porté par sa voix, se joue de la linéarité. Adressé à un·e thérapeute imaginaire, au disparu, voire aux icônes citées plus haut, il se déplace en spirale autour du traumatisme originel.
Je n'embrasse pas les images est ainsi une enquête cinématographique au pays de l'inconscient et un puissant geste orphique qui se fraye un chemin depuis le royaume des morts en remontant vers la lumière.
Emmanuel Chicon

Je n'embrasse pas les images, 2025
De l'autre côté, 2014