Territoire perdu

Pierre-Yves Vandeweerd
Belgique, France | 2011 | 75 min
Langue : arabe
Sous-titre : anglais

Confiné dans un ‘no man’s land’ désertique suite aux massacres perpétrés par l’armée marocaine dans les années 1970, le peuple Saharawi vit dans la répression, mais aussi dans la fierté et la résistance. Pour enregistrer son et image, le réalisateur s’est rendu sur leur territoire dans la clandestinité à deux reprises. Le résultat est un film égrené et spectral qui donne aux persécutés la parole et l’image.

Une citation d’Hérodote place le film dans une dimension mythique et une perspective vertigineuse. Les images semblent fragiles, comme si elles nous arrivaient après avoir survécu au naufrage du temps. Le son les envahit de sa présence inévitable. Les voix se rappellent des événements passés. Le peuple Sahraoui était là. Il est là. Il résiste. Animé par un rythme sombre et lent, submergé par le bruit d’un vent qui ne s’arrête jamais, le film rappelle le ton de ces malédictions bibliques qui condamnent l’être humain à se mesurer à sa propre finitude. C’est de cette sensation que Territoire perdu s’empare, en ramenant à la connaissance du monde la situation d’un peuple invisible, que le cynisme de la géopolitique oublierait bien. Pour immortaliser les hommes et les femmes du peuple Sahraoui, le cinéaste belge s’est rendu à deux reprises dans le no man’s land auquel ils sont confinés, en totale clandestinité : une première fois pour les filmer en Super 8, et une deuxième pour enregistrer les sons ambiants et leurs voix. Le résultat est granuleux, spectral, hypnotique. Un film en état de transe, qui donne un visage aux invisibles et la parole à qui ne l’a jamais eue.

Luciano Barisone

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Atelier Pierre-Yves Vandeweerd

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